Au cours de la dernière année, les marchés financiers ont été témoins du dénouement du supercycle des produits de base qui aura duré une décennie. Par conséquent, les prix de l’énergie et des métaux de base ont été grandement touchés, ce qui a donné lieu à la baisse de la valeur des sociétés qui produisent des ressources. Une autre victime de ce dénouement est le dollar canadien. Le dollar qui avait atteint la parité avec le dollar américain il y a deux ans, a terminé l’année à seulement 72 cents par rapport au dollar américain.
Bien qu’en 2015, la baisse du prix des produits de base a fait la une de l’actualité, cette nouvelle a réussi à masquer une année plutôt mauvaise pour les marchés boursiers nord-américains. Le marché boursier canadien, qui est hautement tributaire des produits de base, a reculé de 8 %, tandis que le marché boursier américain plus diversifié est resté pratiquement inchangé. Selon nous, la Réserve fédérale américaine a trop attendu pour hausser les taux, ce qui a provoqué un excès de spéculation négative sur les marchés américains tout au long de 2015. Cette situation a été résolue en décembre, lorsque la Fed a finalement haussé son taux à un jour de 0,25 %.
Bien qu’en général, le marché des actions a affiché un rendement médiocre au cours de 2015, la situation n’a pas été totalement sombre pour nos clients.
Tout d’abord, au cours des dernières années, nous avons transféré une grande partie des placements en actions de nos clients dans le marché des actions américain. Du point de vue de la monnaie, cette décision a été bénéfique pour nos clients. Nous avons également sélectionné des titres dans les secteurs américains qui se sont très bien comportés, notamment les secteurs des soins de santé, de la technologie de l’information, industriel, des biens de consommation de base et des biens de consommation discrétionnaire. Enfin, nous avons évité le secteur minier et avons maintenu au minimum notre participation dans des sociétés du secteur de l’énergie dans le but d’empêcher nos clients de ressentir les contrecoups de l’effondrement du prix des produits de base.
En nous tournant vers l’année 2016, nous constatons le maintien de quelques tendances et d’autres qui se développent. Nous croyons que la croissance de l’économie américaine demeurera positive dans un contexte de faible inflation et de quasi-plein emploi. Ceci pourrait continuer à favoriser nos sociétés non cycliques à croissance stable. Mais c’est une autre histoire pour le Canada. La faiblesse du prix des produits de base continuera de nuire à l’Ouest canadien et contribuera à ce que le dollar canadien demeure déprimé. Puisque pendant des décennies, une stratégie industrielle n’a pas été élaborée, le pays doit améliorer ses niveaux d’investissement des entreprises et sa productivité concurrentielle. Ceci représentera un défi pour les marchés boursiers canadiens.
La productivité est un facteur clé qui permet de créer une valeur économique soutenue au fil du temps. Vers la fin de l’année dernière, nous avons assisté à la journée des investisseurs d’Intel à San Jose, en Californie. La haute direction de cette entreprise florissante continue d’adhérer à un principe généralement connu sous le nom de « Loi de Moore ». En 1965, Gordon Moore, un cofondateur d’Intel, avait constaté que le « nombre de transistors d’un circuit intégré de haute densité doublait chaque année ». En 1975, Moore a modifié cette constatation en prédisant que le « nombre de composants par circuit intégré doublerait tous les deux ans ». Avec le temps, cette loi a été plus ou moins retenue. Bien que ce rythme de progression puisse se poursuivre indéfiniment, il souligne tout de même l’importance du maintien de l’innovation et de la créativité.
La « Loi de Moore » a été puissante, car l’électronique numérique a grandement contribué à la productivité et à la croissance à l’échelle mondiale au cours des 50 dernières années. Les pays et les sociétés qui favorisent et poursuivent l’innovation et qui améliorent la productivité sont les moteurs de la croissance économique dans le monde.
En tant qu’investisseurs, nous privilégions l’amélioration de la productivité, l’innovation et la création de la valeur et recherchons les sociétés qui adhèrent à ces caractéristiques. Ceci dit, nous préférons éviter les régions et les secteurs qui n’adhèrent pas à cette culture. Bien que les facteurs macroéconomiques jouent toujours un rôle important dans la fluctuation des marchés boursiers à plus court terme, la création de la valeur économique gagne toujours au fil du temps. Cela a été le cas depuis l’aube de l’ère industrielle il y a deux cents ans et ce sera encore le cas dans l’avenir.