À l’heure actuelle, les marchés financiers partout dans le monde évoluent dans des directions opposées.
La montée du nationalisme politique dans les pays développés continue de peser sur les marchés d’actions et de titres à revenu fixe mondiaux. Même si les marchés ont digéré le Brexit et l’élection du président Trump, il y a de plus en plus de préoccupations entourant les prochaines élections en Allemagne, en France et en Italie. L’incidence de la vague populiste sur le commerce mondial représente un enjeu. En effet, la libération des échanges entre les nations a eu pour effet de créer des efficiences économiques tout en permettant à des centaines de millions de personnes de sortir de la pauvreté. Le fait de renverser cette tendance pourrait s’avérer négative, tant au niveau économique que social.
Ces scénarios politiques contrastent vivement avec le très bon environnement macroéconomique à l’échelle mondiale. Pour la première fois depuis le krach financier et la Grande Récession de 2008-2009, l’économie mondiale connaît maintenant une croissance simultanée. L’économie dans le monde aura pris près d’une décennie à se redresser, mais on annonce partout des taux de croissance positifs. Depuis un certain nombre d’années, la croissance du PIB en Amérique du Nord a progressé à un rythme lent, mais constant alors qu’en Chine, le rythme de sa croissance a ralenti. Au même moment, la croissance en Europe et dans les économies émergentes est restée à la traîne. Ce n’est maintenant plus le cas.
L’économie américaine, qui continue de progresser tant bien que mal et qui affiche un taux de croissance annuelle de plus de 2,0 %, connaît le quasi-plein emploi et est suffisamment solide pour mettre en œuvre le retour des taux d’intérêt mesurés à un niveau « normal ». La Chine qui était autrefois préoccupante affirme qu’elle peut maintenir une croissance de 6,5 % par année. Les risques de déflation se sont évaporés. La croissance des autres économies asiatiques s’accélère. Le Japon, dont l’économie a stagné pendant des années, connaît maintenant un regain de dépenses en capital. La Corée du Sud et Taïwan ont vu leurs exportations nettement augmenter au cours du premier trimestre. Alors que l’économie du Royaume-Uni s’est très bien portée depuis les dernières années (malgré le vote pour le Brexit), les pays de l’Europe occidentale sont maintenant de la partie. Parmi les économies émergentes, la Russie et le Brésil sont celles qui sont les plus importantes. Ces deux économies ont touché le fond du point de vue économique et pourraient bien afficher un brin de croissance en 2017.
Pratiquement toutes les sociétés dans lesquelles nous investissons, que leur taille soit grande ou moyenne, exploitent leurs activités à l’échelle internationale. Sans ces activités, elles auraient du mal à faire croître leurs revenus et leurs bénéfices sur une base durable. Au cours des trois dernières décennies, la technologie et une main-d’œuvre beaucoup mieux qualifiée et mobile ont contribué à ce que nous vivions dans un monde plus prospère et plus sécuritaire. Le libre-échange, la croissance économique mondiale et la stabilité politique sont étroitement liés. Les marchés financiers devraient continuer à refléter de plus en plus ces « bonnes nouvelles » économiques et récompenser les sociétés qui exploitent le mieux dans cet écosystème.
La menace actuelle de cette perspective autrement positive est de nature politique. Peut-être que la notion de « poids et contrepoids » du système politique américain permettra de contrôler M. Trump (comme cela a été le cas jusqu’à maintenant) et que la Grande-Bretagne pourra éventuellement trouver une façon de renouveler ses relations commerciales avec ses homologues européens. Après avoir attendu le retour à la croissance économique mondiale pendant près d’une décennie, il serait dommage de voir ce scénario de bonnes nouvelles menacé par de la mauvaise politique.